CALIFORNIE : DE LA SIERRA NEVADA A LOS ANGELES
Avant de poursuivre le récit de notre voyage, quelques
généralités s’imposent sur cet état, le plus peuplé avec 38 millions
d’habitants (12,2% de la population américaine) dont 46% parlent l’espagnol. Il
est vrai que les américains l’ont ravi au Mexique en 1848 et que depuis,
progressivement, sans verser de sang, de par leur démographie, les mexicains se
réapproprient leur territoire perdu. De fait les latinos constituent et de loin
la main d’œuvre indispensable à l’agriculture de cet état qui en a fortement
besoin pour ses cultures de fruits et légumes qui inondent le continent nord-
américain. Du point de vue superficie, avec 424000km² il se place au 3ème
rang derrière le Texas et l’Alaska. Vous l’aurez compris, c’est un pays à lui
tout seul.
Ce jeudi 27 septembre, après avoir franchi la Tioga Pass,
nous quittions la Sierra Nevada par l’est pour descendre sur Lee Vining. Cette
bourgade de 400 habitants est située au bord du Mono Lake, ce lac a la particularité d’avoir des
concrétions calcaires vieilles de 13000 ans qui apparaissent sur ces rives au
fur et à mesure que son niveau baisse. En effet les besoins en eau douce de
toute la région de Los Angeles sont énormes et les sources alimentant ce lac
ont été détournées. On visite donc ses rives où se dressent dans et hors de
l’eau des aiguilles de calcaire.
La remontée plein nord se fait dans un paysage désertique de
monts pelés sous le soleil implacable, on repasse au Nevada en longeant le lac
Topaz presque à sec avant d’arriver à Gardnerville au pied à nouveau de la
Sierra Nevada et de ses stations de ski réputées. Après avoir franchi le col
Daggett Pass à 2400m, le paysage change totalement, tout est vert, des forêts
de conifères partout et au milieu de tout cela un lac aux eaux d’un bleu
resplendissant : le lac Tahoe, quel contraste !
Ce lac est à 1867m d’altitude, il est à cheval entre Nevada
à l’est et Californie à l’ouest, sa circonférence est de 116kms, l’été il y
fait 20° en moyenne d’où l’attraction qu’il exerce sur la population des
plaines alentour où la chaleur est torride. Nous y passerons trois jours très
reposants avant de redescendre côté ouest par la vallée de la Truckee River
vers la capitale californienne qu’est Sacramento.
Nous y retrouvons la chaleur (35°) et après la visite du Old
Sacramento très bien conservé avec l’image que l’on se fait des villes de
l’époque de la ruée vers l’or, il y a même des locomotives de la conquête de
l’ouest, nous aussi nous mettons cap à l’ouest faire un petit clin d’œil à la
Napa et Sonoma Valley. Visite rapide aux plus célèbres vignobles californiens
dont la propriété de Robert Mondavi qui produit le fameux Opus One à Oakville.
Les français sont aussi présents tel Moët et Chandon avec sa filiale Chandon
qui y produit des vins pétillants.
Mais comme vous pouvez vous en douter la mer nous manque et
dans ces vallées on la sent de l’autre côté des derniers monts. Nous
retrouverons l’océan Pacifique par la Russian Valley à Jenner. Quel bonheur de
sentir l’air humide et iodé, de reprendre une petite laine pour se protéger du
vent ; si ce n’est les immenses champs d’algues : le kelp, au vu de cette côte du nord de San Francisco,
pointes, îlots rocheux, criques, belles plages à surf, on se croirait en
presqu’île de Quiberon où à Belle Ile en Mer.
Nous serons encore plus charmés par notre escale à Bodega
Bay, magnifique plan d’eau très abrité par une pointe d’où l’on peut apercevoir
les baleines lors de leur migration saisonnière. On y est aussi surpris par les
beuglements incessants des otaries se prélassant sur les cailloux à la sortie
de cette baie et dont quelques spécimens se montrent dans le port devant notre
véhicule où nous avons trouvé une place au bord de l’eau, le bonheur ! Cet
endroit est aussi très célèbre car Alfred Hitchcock y a tourné le film « Les
oiseaux ». Nous y resterons deux jours et serons très étonnés de voir la
taille stupéfiante des coquilles d’ormeaux ou abalones avec lesquelles les gens
décorent leur jardin ou leur clôture, les plus petites mesurent bien 30cms et
il y en a partout.
Dorénavant nous ne quitterons plus cette côte jusqu’à Los
Angeles, après une visite au Point Reyes National Park, au phare et à la pointe du même nom , nous
arriverons devant la baie de San Francisco et son célèbre Golden Gate Bridge le
5 octobre au matin.
Le soleil est resplendissant après deux jours de temps gris
et nous pouvons admirer les couleurs orange du fameux pont pour une fois privé
de brouillard. Nous empruntons l’une de ses trois voies vers le sud, trop
rapidement car la circulation est assez dense alors que nous voulons admirer la
baie d’un côté et l’océan de l’autre, après avoir payé nos 6 dollars de péage
nous nous garons à sa sortie et marchons pour profiter de la vue magnifique. Il
date de 1937 et mesure 2737m, chaque semaine 25 peintres utilisent 2 tonnes de
minium pour l’entretenir, pendant les grosses tempêtes il peut osciller de 7m,
un bel ouvrage.
Nous abordons la ville par…le port, vous l’avez deviné et
tout de suite on remarque les oriflammes de la Coupe de l’America, sans le
savoir on se retrouve au moment des séries qualificatives et on n’est pas peu
fiers de voir le drapeau de « Team Energy » de Loïck Peyron notre
représentant. Un peu plus loin les pelouses du front de mer sont envahies par
des militaires avec stands et barnums, pas de doute un évènement se prépare, il
est vrai que nous sommes vendredi et que le lundi suivant est un jour
férié : le Columbus Day, commémoration de la découverte de l’Amérique par
Christophe Colomb, il va y avoir du spectacle. Ayant une adresse au sud de la
ville pour garer 3 jours Hervé, nous la traversons et y revenons en métro.
San Francisco est vraiment une ville à part. On a tous en
tête des images : la porte de l’or (Golden Gate) du temps de la ruée vers
l’ouest, Jack London et Kerouac de la Beat Generation, le phénomène Hippy,
Bullit et sa poursuite en voiture, la faille de San Andreas et l’attente du Big
One, on avait donc hâte d’y venir et elle ne nous a pas déçue. Elle restera
avec New York et Québec, dans des registres différents, une des villes où l’on
se sera senti à l’aise et curieux de découvrir, est-ce un hasard si ces trois
villes ont un port ?
Vous le savez tous depuis le film avec Steve Mc Queen, la
ville est bâtie sur une colline et les rues descendent très rapidement vers la
baie, coupées à angle droit par d’autres ce qui donne des carrefours en dos
d’âne très spectaculaires surtout lorsque qu’on emprunte les Cable Cars. Ces
sortes de tramway sont tractés sur des rails par un câble d’acier sans fin
inséré dans la chaussée, le conducteur n’a plus qu’à le pincer pour avancer, le
freinage étant assuré à l’arrière par le préposé aux tickets, c’est très
spectaculaire de dévaler ainsi certaines pentes atteignant 21%.
Le centre-ville ressemble à celui des grandes métropoles
américaines, Downtown rassemble les boutiques de toutes les grandes marques
planétaires ainsi que les bons restaurants et Financial District dresse ses
buildings vers les étoiles…Chinatown y est comme à chaque fois très animé, la
jeunesse branchée a pris la place des hippies à Haight-Ashbury et la population
gay se concentre à Castro.
Le grand port de commerce s’étant déplacé de l’autre côté de
la baie, tous les quais et les « Piers » ont été réhabilités avec une
orientation malheureusement très commerciale et attrape-touriste, ils ont même
condamné un ponton complet pour le laisser entièrement libre aux otaries,
faisant ainsi le bonheur des photographes à commencer par nous-mêmes. Plus vers
l’ouest le fort Mason, base militaire reconvertie en logements, boutiques d’art
et autres, assure la transition avec les pelouses du Marina Boulevard et le
port de plaisance.
Ce samedi 6 et dimanche 7 octobre, non seulement une foule
considérable s’est déplacée un peu pour la coupe de l’América, mais surtout pour la parade aérienne autant
civile que militaire qui se déroule dans les airs. Pendant que nous admirerons
les régates des formidables catamarans et le chavirage spectaculaire du favori
américain Oracle (voir photos), nous aurons les tympans saturés par le vacarme
de tout ce qui peut voler aux USA. Nous aurons le droit aux cascades de
biplans, au passage du dernier gros Boeing, de l’avion furtif de l’armée de
l’air mais surtout aux passages à très basse altitude des chasseurs des Blue
Angels, l’équivalent de notre Patrouille de France, le tout était spectaculaire
mais assourdissant, contrastant quelque peu avec le déplacement sur l’eau des
voiliers de la Coupe.
Nous ferons également une grande balade à pied le long de la
côte Pacifique à partir de Cliff House longeant le goulet que surplombe le
Golden Gate Bridge mais ce jour-là le haut des piles était dans les nuages.
La descente vers Los Angeles nous prendra deux semaines en
profitant vraiment de la côte et du beau temps, malheureusement l’eau est trop
froide pour s’y baigner, ce qui explique l’omniprésence des otaries et phoques.
Nous serons aussi très étonnés de voir les cultures fruitières et légumières,
surtout de fraises à cette période avec des tracteurs énormes sur chenilles
caoutchouc préparant en un seul passage les sillons intégrant l’arrosage goutte
à goutte pour la saison à venir ; tout à côté des dizaines et des dizaines
de latinos sont courbés pour récupérer les fraises arrivées à maturité, les
disposant sur place dans les barquettes transparentes qu’on achète au magasin
et, pour qu’ils ne perdent pas de temps, des toilettes mobiles multicolores
sont placées sur des remorques qu’ils déplacent au fur et à mesure de la
récolte.
Nous arriverons ainsi à Santa Cruz, spot incontournable des
surfeurs qui y ont leur musée, avant d’arriver à la station balnéaire de
Monterey. Il s’agit d’une péninsule marquant une frontière naturelle entre les
longues plages du nord et les falaises célèbres de Big Sur au sud, c’est le
royaume de la jet-set, avec somptueuses villas en bord de mer, golfs, route à
péage (10 dollars) de 17 miles de Pacific Grove à Carmel dont Clint Eastood fut
le maire. Nous la ferons à vélo, c’est gratuit ! Mais ceux qui
l’empruntent en voiture n’en ont pas pour leurs sous.
La poursuite de la Highway 1 par Big Sur est très spectaculaire,
la route tourne et vire à flanc de falaise dans une nature sauvage et
préservée, on y retrouve des séquoias et en mer de grands champs de kelp. C’est
là qu’Henry Miller se réfugia en 1947 pour fuir la société de consommation
américaine qu’il détestait.
Nous retrouverons les grandes plages de sable à Pismo Beach
et au charmant port de Morro Bay au rocher si spectaculaire.
Petite incursion dans les terres à Lompoc pour visiter la première mission franciscaine de « La Purisma » datant de 1787 ayant abrité jusqu’à un millier d’indiens Chumashs.
Plus nous nous rapprochons de Los Angeles, plus les noms nous rappellent le cinéma ou la télé, ainsi Santa Barbara joli station balnéaire où vivent de nombreuses stars et où nous rencontrons un breton. Un Lorientais tient en effet une crêperie en plein centre : Pacific Crêpes, Yvan était content de parler du pays, il y est depuis une quinzaine d’années et les affaires marchent bien, par contre il se verrait bien acheter une maison de vacances en Floride près de Naples car l’immobilier en Californie est hors de prix.
Petite incursion dans les terres à Lompoc pour visiter la première mission franciscaine de « La Purisma » datant de 1787 ayant abrité jusqu’à un millier d’indiens Chumashs.
Plus nous nous rapprochons de Los Angeles, plus les noms nous rappellent le cinéma ou la télé, ainsi Santa Barbara joli station balnéaire où vivent de nombreuses stars et où nous rencontrons un breton. Un Lorientais tient en effet une crêperie en plein centre : Pacific Crêpes, Yvan était content de parler du pays, il y est depuis une quinzaine d’années et les affaires marchent bien, par contre il se verrait bien acheter une maison de vacances en Floride près de Naples car l’immobilier en Californie est hors de prix.
Au large nous distinguons l’archipel des Channel Islands qui
sont un National Park donc très sauvages, on ne peut y séjourner qu’en
emportant sa tente et sa nourriture, dommage que nous ne sommes pas équipés,
une autre île plus au sud en face de Los Angeles est elle très touristique, il
s’agit de Catalina Island. Dommage que notre bateau soit en Floride, nous
aurions bien aimé visiter toutes ces îles. Devant ces îles on voit aussi au
large beaucoup de plates-formes pétrolières qui malheureusement rejettent des
résidus que l’on retrouve sur les plages sous forme de goudron.
Plus bas, dès Ventura et Oxnard, nous sommes quasiment dans
la banlieue de L. A. alors qu’on est à quasiment 100kms du centre, cette ville
est immense, plus de dix millions d’habitants avec ses cités périphériques, par
contre à part les tours de Downtown et le centre, la ville est très aérée et
les maisons excèdent rarement plus d’un étage. La conséquence en est des temps
de trajets très longs en transports en commun surtout que nous avons préféré
laisser Hervé sur une aire de stockage de bateaux et R.V. à Marina del Rey tout
près de l’océan et de l’immense plage qui va de Santa Monica à Long Beach en
passant par le quartier voisin de Venice.
L.A. n’est pas vraiment au bord de la mer, le centre en est distant d’une dizaine de kms et est entourée de monts dont le plus célèbre arbore en lettres blanches le fameux H O L L Y W O O D. Nous ne manquerons évidemment pas d’arpenter son fameux boulevard où plus de 2400 étoiles de stars sont incrustées dans le trottoir.
L.A. n’est pas vraiment au bord de la mer, le centre en est distant d’une dizaine de kms et est entourée de monts dont le plus célèbre arbore en lettres blanches le fameux H O L L Y W O O D. Nous ne manquerons évidemment pas d’arpenter son fameux boulevard où plus de 2400 étoiles de stars sont incrustées dans le trottoir.
Pour l’instant cette mégalopole ne nous passionne pas, trop
étendue, pas de relief, pas de port( !!!) mais nous y laissons Hervé pour
un peu plus de trois mois et qui sait au retour ? Nous finirons alors la
visite de cet état par San Diego avant de longer la frontière mexicaine vers le
Nouveau Mexique. Après environ 50000kms parcourus depuis la Floride il nous
restera à peu près 4500 de plus avant de rejoindre « Retour de galbord »…