Les voileux se transforment en routards

Le périple est terminé, 50.000kms en un an, Hervé repart vers l'Ouest américain avec d'autres français. Nous avons retrouvé notre bateau à Green Cove Springs et début mai nous voguerons vers les Bermudes avant de rejoindre Flores, première île de l'archipel des Açores. Le retour dans notre chère Bretagne est prévu vers le 15 août.

Adresse du blog bateau :
https://retourdegalbord.blogspot.com/

jeudi 28 février 2013

TEXAS


Tout de suite après avoir quitté le très beau Carlsbad Caverns National Park nous changions d’état ce jeudi 14 février. En effet le Guadalupe Mountains National Park est presque contigüe au précédent, mais se trouve non plus au Nouveau Mexique mais au Texas.


Après l’Alaska, cet état est le plus grand des Etats Unis avec 696.241km², plus grand donc que la France, après la Californie c’est le deuxième en population avec un peu plus de 25 millions d’habitants, 80% de ceux-ci vivant en ville cela vous donne une idée de la faible densité des campagnes. Nous ne visiterons que la partie ouest, désertique, et la côte du Golfe du Mexique avec des centaines de kilomètres de plages au sable fin formant un immense cordon dunaire derrière lequel on retrouve des zones marécageuses et comme le long de la côte atlantique, l’Intracoastal Waterway.

Nous passerons très rapidement au Guadalupe Mountains Park car la route est longue pour rejoindre le Big Bend National Park, principal but de ce passage dans cet état. Le soir même nous serons à Fort Davis, 365 kms plus au sud.


Cette petite ville a deux particularités, la première est la présence d’un fort datant de 1854 qui fut établi afin de sécuriser la route du sud-ouest vers la Californie, la deuxième est la présence de l’observatoire Mc Donald de l’université du Texas installé dans cette zone non polluée par des lumières d’activités humaines. Nous aurons de la chance d’y être un vendredi, jour où les astronomes reçoivent le public et vulgarisent le ciel dès la nuit…et le froid tombé. On est en effet en altitude et à 8h du soir les températures seront déjà négatives, malgré tout ce seront des explications très intéressantes sur les astres et nous verrons la Lune et Jupiter au télescope.


Le lendemain nous atteindrons la frontière mexicaine et le Rio Grande au Big Bend N.P., c’est un parc très étendu et nous y ferons trois stations, deux au bord de l’eau et une à 1646m d’altitude au Chisos Basin. Nous étions très curieux de voir ce fleuve mythique qui fait la frontière entre ces deux états sur plus de 2000kms. Nous fûmes surpris par son très faible débit à cet endroit mais aussi par la profondeur des canyons qu’il a creusés, surtout le Santa Elena Canyon.


Sur la route y menant, comme en Arizona, les patrouilles de garde-frontières sont omniprésentes et les postes de contrôle très nombreux ; il faut dire que ce Rio Grande se traverse à pied sans problème. Nous serons quand même assez étonnés de voir le long des balades de multiples colifichets posés sur des pierres ou à même le sol avec un prix et une boîte plastique servant à mettre l’argent. En y regardant de plus près on distingue sur l’autre rive des mexicains sous un arbre qui de temps en temps traversent pour venir recueillir l’argent. Cela semble toléré par les autorités du parc malgré les nombreux panneaux l’interdisant.


A la différence de Fort Davis les températures, désert oblige, seront estivales la journée et printanière la nuit. Nous y ferons connaissance d’un couple d’allemands originaires d’Hofgeismar, ville jumelée avec Pont Aven, qui voyagent à bord d’un camion Mercedes 4x4 de l’armée allemande reconverti en camping-car. Ce sont aussi d’anciens navigateurs, ayant acheté et aménagé un catamaran en Australie, le courant bien évidemment passa très bien.


Le Rio Grande a un gros affluent : la Pecos River, nous retrouvons ces deux cours d’eau au Amistad National Recreation Area tout près de la ville de Del Rio après 360kms de route à travers des paysages désertiques. Le barrage d’Amistad fut inauguré par Nixon et Diaz Ortaz pour le Mexique en 1969, il mesure 9,75kms de long et 77m de haut, son volume de stockage est de plus de 6827 millions de m3, lors de notre passage, le niveau était très bas.


La seule grande ville texane que nous visiterons est San Antonio et surtout son centre avec ce qui reste du fameux Fort Alamo où s’illustra Davy Crockett, rappelant que toute cette région était mexicaine auparavant. Un curieux canal serpente dans le centre-ville, lui donnant un petit air de Venise américaine bien sûr.


Nous rencontrerons peu après autour de Three Rivers une intense activité pétrolière et gazière, notre camp sera ce soir-là entouré de torchères illuminant la nuit.

Nous retrouverons le grand large juste au-dessous de Corpus Christi au Padre Island National Seashore, dernier parc national que nous visiterons durant cette année de voyage. C’est le paradis des oiseaux et il se poursuit sur près de 100kms vers le sud-ouest vers l’embouchure du Rio Grande.


Ce sera ensuite une remontée par étapes en bordure du littoral nous voyant camper parfois même directement sur la plage à 50 mètres de l’eau, heureusement que les marées sont ici insignifiantes.


Plus on se rapprochera de Houston, plus la présence pétrolière se fera sentir, d’abord des raffineries puis un incessant trafic de camions citernes et de pétroliers venant charger leur cargaison, puis de champs de « Pumpjacks » avec leur incessant mouvement va et vient de pompage. Ces parcelles alternant ou cohabitant avec d’immenses pâtures où engraissent de nombreux bovins dont le Texas est un grand producteur.


Pendant ces quinze jours de traversée de ce grand état on aura constaté que le temps change très vite, hier on avait 25° et aujourd’hui 15°, il est vrai qu’on est encore en hiver et que les nuits restent très fraîches, 4° toute cette semaine. Espérons qu’en passant en Louisiane et se rapprochant de la Floride, les températures remonteront. Au moins l’ambiance cajun et sa cuisine épicée risque de nous réchauffer.

mardi 19 février 2013

RETOUR EN CALIFORNIE – ARIZONA ET NOUVEAU MEXIQUE



Après trois mois passés en Bretagne qui nous ont permis de retrouver amis, parents, nos enfants et petits-enfants dont le tout dernier Yodhrann, âgé de six mois à notre arrivée et que nous connaissons enfin, il nous faut repartir vers notre petit « Hervé » à Los Angeles et finir ce tour d’Amérique du nord entamé voici un an.

Départ de Roissy ce lundi 4 février avec la compagnie Icelandair qui va nous faire survoler le grand nord. Au survol de la Picardie nous pourrons admirer la baie de Somme à marée basse, magnifique. Du Royaume Uni nous distinguerons la campagne anglaise puis quelques Highlands écossais avant que la couche nuageuse arrive, notre atterrissage à Keflavik l’aéroport de Reykjavik se fera avec un plafond très bas nous laissant découvrir le paysage enneigé qu’au dernier moment. Décollage pour Seattle une heure plus tard avec le même type de temps, les nuages disparaîtront au-dessus du Groenland nous laissant voir des immensités enneigées. Viendra ensuite la banquise du passage du nord-ouest avec ses multiples crevasses dans la glace, la côte du Labrador puis du grand nord du Québec, la baie d’Hudson puis le Nunavut et les Territoires du Nord-ouest, immensités enneigées avec une multitude de lacs et cours d’eau tous gelés et craquelés. Survol ensuite de l’Alberta et des Rocheuses que nous avions visité au mois d’août avant de descendre sur Seattle avec une vue magnifique de la Cascade Range et du Mont Rainier. Un superbe vol nous permettant de découvrir d’en haut des contrées quasiment inaccessibles.

Nous craignions le passage de l’immigration à Seattle au vu de celui que nous avions subi fin août avec Hervé à Blaine. Nous avions tort de nous en faire, après deux ou trois questions sur notre voyage assez singulier il est vrai, l’officier nous apposait sur le passeport l’autorisation de six mois supplémentaires sur le sol américain. Décollage à nouveau pour L.A. et vol de nuit ce coup-ci, heureusement une chambre d’hôtel était réservée tout près de l’aéroport. Le lendemain matin nous retrouvions notre fidèle Roadtrek comme nous l’avions laissé et filions de suite plein sud au State Beach de San Clemente.



 Cela fait du bien de retrouver le Pacifique, les longues plages où s’éclatent les surfeurs et des températures printanières. Nous descendrons ensuite en deux étapes jusqu’à San Diego avec une visite du Cabrillo National Monument situé sur une presqu’île protégeant la fameuse baie de San Diego de la longue houle du Pacifique, on s’explique ainsi pourquoi plusieurs éditions de la Coupe de l’America s’y déroulèrent. Ce promontoire domine la ville et est le siège avec l’île de Coronado de nombreuses installations militaires, un impressionnant cimetière militaire dédié aux victimes de la guerre du Pacifique y couvre également une bonne partie.



Malheureusement, un temps à grains sévissait ce jour-là et ne nous incitait pas à musarder. Après un rapide détour par le port où se tient un musée maritime, et dans la vieille ville de San Diego très mexicaine, nous décidons de gagner l’intérieur des terres en direction de l’est.


 C’était sans compter avec le relief qui transforma vite la pluie en neige et nous obligea à trouver un camp à mi montée, reportant sagement au lendemain la découverte d’autres horizons. Nous nous réveillons avec un grand ciel bleu qui nous permet de reprendre la route, par contre notre virée prévue vers le Anza Borrego Desert SP est impossible, la route y allant nécessitant des chaînes, nous poursuivons donc en direction de l’Arizona. Après le col, les paysages enneigés feront place aux plaines désertiques de cette partie de la Californie, même paysage en Arizona, le temps est magnifique mais assez frais. Première étape dans cet état à Ajo en direction du National Park « Organ Pipe Cactus » à la frontière mexicaine.


Nous sommes un peu surpris de voir des contrôles d’immigration sur cette route, mais ils n’arrêtent que les véhicules en provenance de la direction de la frontière, ce sera notre tour au retour ; les infrastructures de cette police des frontières sont impressionnantes de par le nombre de véhicules, on en trouve stationnés au bord de la route tous les dix kilomètres environ et des hélicoptères font régulièrement leur ronde, difficile d’immigrer clandestinement ou de passer de la drogue.

Ce National Park nous permettra de connaître les différents types de cactus et de plantes du désert, malheureusement on est trop tôt en saison pour admirer leur floraison. Un grand trail en voiture permet de s’enfoncer dans les Diablo Mountains et une bonne balade à pied nous mènera à une ancienne mine. Ces campgrounds n’ont pas d’électricité pour notre chauffage d’appoint et la nuit à 0° nous verra bien emmitouflés sous double épaisseur de couette.



Nous rallierons ensuite Tucson, la pluie recouvrant de neige toutes les montagnes environnantes, du coup vu le temps, cap vers le Nouveau Mexique sous un grand ciel bleu retrouvé. Une grande étape autoroutière de 368 miles (600kms) parmi le même paysage désertique nous mènera dans la vallée de lancement de missiles de White Sands où se trouve aussi une curiosité minérale, un désert de sable de gypse avec des dunes d’un blanc immaculé, on se croirait vraiment dans de la neige si ce n’était la consistance et la température bien différente. Un spectacle très étonnant où les enfants peuvent dévaler les pentes avec des luges en plastique.



Notre parcours d’ouest en est nous fait passer une alternance de grandes plaines désertiques séparées par des chaînes montagneuses plus ou moins élevées d’orientation nord sud et c’est avec une certaine surprise qu’en quittant cette vallée, n’arrêtant pas de prendre de l’altitude, nous retrouvons la neige et même une station de sports d’hiver à 8650 pieds (2636 mètres) à Cloudcroft. De l’autre côté, nous retrouvons des collines puis des plaines désertiques avant de retrouver les puits de pétrole, quittés en Alberta, dans la plaine de Carlsbad.


Cette région est très calcaire et connue également pour ses cavernes. Les plus belles sont protégées et magnifiquement organisées dans le Carlsbad Caverns National Park que nous visitons ce 14 février. Nous avions déjà arpenté ce style de caverne dans le Chiapada Diamantina au Brésil (voir le blog de Retour de galbord), mais ici tout est fait à l’américaine avec une organisation sans faute. Descente goudronnée bordée de murets de pierre avec rambarde continue en inox des deux côtés, éclairage par spots mettant magnifiquement en valeur ces merveilles de la nature…et même un double ascenseur pour descendre ou monter les 300 mètres de profondeur. Ceci dit, la vision de cette succession de salles souterraines est de toute beauté avec moult panneaux explicatifs, il nous faudra deux heures pour arpenter les 3, 5kms de ces allées. Les photos vous en diront plus.


C’est ici que nous quittons le Nouveau Mexique pour entrer au Texas, le plus grand des états américains après l’Alaska, nous vous raconterons cela plus tard.