Tout de suite après avoir quitté le très beau Carlsbad
Caverns National Park nous changions d’état ce jeudi 14 février. En effet le
Guadalupe Mountains National Park est presque contigüe au précédent, mais se
trouve non plus au Nouveau Mexique mais au Texas.
Après l’Alaska, cet état est le plus grand des Etats Unis
avec 696.241km², plus grand donc que la France, après la Californie c’est le
deuxième en population avec un peu plus de 25 millions d’habitants, 80% de
ceux-ci vivant en ville cela vous donne une idée de la faible densité des
campagnes. Nous ne visiterons que la partie ouest, désertique, et la côte du
Golfe du Mexique avec des centaines de kilomètres de plages au sable fin
formant un immense cordon dunaire derrière lequel on retrouve des zones
marécageuses et comme le long de la côte atlantique, l’Intracoastal Waterway.
Nous passerons très rapidement au Guadalupe Mountains Park
car la route est longue pour rejoindre le Big Bend National Park, principal but
de ce passage dans cet état. Le soir même nous serons à Fort Davis, 365 kms
plus au sud.
Cette petite ville a deux particularités, la première est la
présence d’un fort datant de 1854 qui fut établi afin de sécuriser la route du
sud-ouest vers la Californie, la deuxième est la présence de l’observatoire Mc
Donald de l’université du Texas installé dans cette zone non polluée par des
lumières d’activités humaines. Nous aurons de la chance d’y être un vendredi,
jour où les astronomes reçoivent le public et vulgarisent le ciel dès la
nuit…et le froid tombé. On est en effet en altitude et à 8h du soir les
températures seront déjà négatives, malgré tout ce seront des explications très
intéressantes sur les astres et nous verrons la Lune et Jupiter au télescope.
Le lendemain nous atteindrons la frontière mexicaine et le
Rio Grande au Big Bend N.P., c’est un parc très étendu et nous y ferons trois
stations, deux au bord de l’eau et une à 1646m d’altitude au Chisos Basin. Nous
étions très curieux de voir ce fleuve mythique qui fait la frontière entre ces
deux états sur plus de 2000kms. Nous fûmes surpris par son très faible débit à
cet endroit mais aussi par la profondeur des canyons qu’il a creusés, surtout
le Santa Elena Canyon.
Sur la route y menant, comme en Arizona, les patrouilles de
garde-frontières sont omniprésentes et les postes de contrôle très
nombreux ; il faut dire que ce Rio Grande se traverse à pied sans
problème. Nous serons quand même assez étonnés de voir le long des balades de
multiples colifichets posés sur des pierres ou à même le sol avec un prix et
une boîte plastique servant à mettre l’argent. En y regardant de plus près on
distingue sur l’autre rive des mexicains sous un arbre qui de temps en temps
traversent pour venir recueillir l’argent. Cela semble toléré par les autorités
du parc malgré les nombreux panneaux l’interdisant.
A la différence de Fort Davis les températures, désert
oblige, seront estivales la journée et printanière la nuit. Nous y ferons
connaissance d’un couple d’allemands originaires d’Hofgeismar, ville jumelée
avec Pont Aven, qui voyagent à bord d’un camion Mercedes 4x4 de l’armée
allemande reconverti en camping-car. Ce sont aussi d’anciens navigateurs, ayant
acheté et aménagé un catamaran en Australie, le courant bien évidemment passa
très bien.
Le Rio Grande a un gros affluent : la Pecos River, nous
retrouvons ces deux cours d’eau au Amistad National Recreation Area tout près
de la ville de Del Rio après 360kms de route à travers des paysages désertiques.
Le barrage d’Amistad fut inauguré par Nixon et Diaz Ortaz pour le Mexique en
1969, il mesure 9,75kms de long et 77m de haut, son volume de stockage est de
plus de 6827 millions de m3, lors de notre passage, le niveau était très bas.
La seule grande ville texane que nous visiterons est San
Antonio et surtout son centre avec ce qui reste du fameux Fort Alamo où s’illustra
Davy Crockett, rappelant que toute cette région était mexicaine auparavant. Un
curieux canal serpente dans le centre-ville, lui donnant un petit air de Venise
américaine bien sûr.
Nous rencontrerons peu après autour de Three Rivers une
intense activité pétrolière et gazière, notre camp sera ce soir-là entouré de
torchères illuminant la nuit.
Nous retrouverons le grand large juste au-dessous de Corpus
Christi au Padre Island National Seashore, dernier parc national que nous
visiterons durant cette année de voyage. C’est le paradis des oiseaux et il se
poursuit sur près de 100kms vers le sud-ouest vers l’embouchure du Rio Grande.
Ce sera ensuite une remontée par étapes en bordure du littoral nous voyant
camper parfois même directement sur la plage à 50 mètres de l’eau, heureusement
que les marées sont ici insignifiantes.
Plus on se rapprochera de Houston, plus la présence
pétrolière se fera sentir, d’abord des raffineries puis un incessant trafic de
camions citernes et de pétroliers venant charger leur cargaison, puis de champs
de « Pumpjacks » avec leur incessant mouvement va et vient de
pompage. Ces parcelles alternant ou cohabitant avec d’immenses pâtures où
engraissent de nombreux bovins dont le Texas est un grand producteur.
Pendant ces quinze jours de traversée de ce grand état on
aura constaté que le temps change très vite, hier on avait 25° et aujourd’hui
15°, il est vrai qu’on est encore en hiver et que les nuits restent très fraîches,
4° toute cette semaine. Espérons qu’en passant en Louisiane et se rapprochant
de la Floride, les températures remonteront. Au moins l’ambiance cajun et sa
cuisine épicée risque de nous réchauffer.