Les voileux se transforment en routards

Le périple est terminé, 50.000kms en un an, Hervé repart vers l'Ouest américain avec d'autres français. Nous avons retrouvé notre bateau à Green Cove Springs et début mai nous voguerons vers les Bermudes avant de rejoindre Flores, première île de l'archipel des Açores. Le retour dans notre chère Bretagne est prévu vers le 15 août.

Adresse du blog bateau :
https://retourdegalbord.blogspot.com/

vendredi 26 octobre 2012

CALIFORNIE


                               CALIFORNIE : DE LA SIERRA NEVADA A LOS ANGELES

Avant de poursuivre le récit de notre voyage, quelques généralités s’imposent sur cet état, le plus peuplé avec 38 millions d’habitants (12,2% de la population américaine) dont 46% parlent l’espagnol. Il est vrai que les américains l’ont ravi au Mexique en 1848 et que depuis, progressivement, sans verser de sang, de par leur démographie, les mexicains se réapproprient leur territoire perdu. De fait les latinos constituent et de loin la main d’œuvre indispensable à l’agriculture de cet état qui en a fortement besoin pour ses cultures de fruits et légumes qui inondent le continent nord- américain. Du point de vue superficie, avec 424000km² il se place au 3ème rang derrière le Texas et l’Alaska. Vous l’aurez compris, c’est un pays à lui tout seul.



Ce jeudi 27 septembre, après avoir franchi la Tioga Pass, nous quittions la Sierra Nevada par l’est pour descendre sur Lee Vining. Cette bourgade de 400 habitants est située au bord du Mono Lake,  ce lac a la particularité d’avoir des concrétions calcaires vieilles de 13000 ans qui apparaissent sur ces rives au fur et à mesure que son niveau baisse. En effet les besoins en eau douce de toute la région de Los Angeles sont énormes et les sources alimentant ce lac ont été détournées. On visite donc ses rives où se dressent dans et hors de l’eau des aiguilles de calcaire.



La remontée plein nord se fait dans un paysage désertique de monts pelés sous le soleil implacable, on repasse au Nevada en longeant le lac Topaz presque à sec avant d’arriver à Gardnerville au pied à nouveau de la Sierra Nevada et de ses stations de ski réputées. Après avoir franchi le col Daggett Pass à 2400m, le paysage change totalement, tout est vert, des forêts de conifères partout et au milieu de tout cela un lac aux eaux d’un bleu resplendissant : le lac Tahoe, quel contraste !


Ce lac est à 1867m d’altitude, il est à cheval entre Nevada à l’est et Californie à l’ouest, sa circonférence est de 116kms, l’été il y fait 20° en moyenne d’où l’attraction qu’il exerce sur la population des plaines alentour où la chaleur est torride. Nous y passerons trois jours très reposants avant de redescendre côté ouest par la vallée de la Truckee River vers la capitale californienne qu’est Sacramento.


Nous y retrouvons la chaleur (35°) et après la visite du Old Sacramento très bien conservé avec l’image que l’on se fait des villes de l’époque de la ruée vers l’or, il y a même des locomotives de la conquête de l’ouest, nous aussi nous mettons cap à l’ouest faire un petit clin d’œil à la Napa et Sonoma Valley. Visite rapide aux plus célèbres vignobles californiens dont la propriété de Robert Mondavi qui produit le fameux Opus One à Oakville. Les français sont aussi présents tel Moët et Chandon avec sa filiale Chandon qui y produit des vins pétillants.


Mais comme vous pouvez vous en douter la mer nous manque et dans ces vallées on la sent de l’autre côté des derniers monts. Nous retrouverons l’océan Pacifique par la Russian Valley à Jenner. Quel bonheur de sentir l’air humide et iodé, de reprendre une petite laine pour se protéger du vent ; si ce n’est les immenses champs d’algues : le kelp,  au vu de cette côte du nord de San Francisco, pointes, îlots rocheux, criques, belles plages à surf, on se croirait en presqu’île de Quiberon où à Belle Ile en Mer.


Nous serons encore plus charmés par notre escale à Bodega Bay, magnifique plan d’eau très abrité par une pointe d’où l’on peut apercevoir les baleines lors de leur migration saisonnière. On y est aussi surpris par les beuglements incessants des otaries se prélassant sur les cailloux à la sortie de cette baie et dont quelques spécimens se montrent dans le port devant notre véhicule où nous avons trouvé une place au bord de l’eau, le bonheur ! Cet endroit est aussi très célèbre car Alfred Hitchcock y a tourné le film « Les oiseaux ». Nous y resterons deux jours et serons très étonnés de voir la taille stupéfiante des coquilles d’ormeaux ou abalones avec lesquelles les gens décorent leur jardin ou leur clôture, les plus petites mesurent bien 30cms et il y en a partout.


Dorénavant nous ne quitterons plus cette côte jusqu’à Los Angeles, après une visite au Point Reyes National Park,  au phare et à la pointe du même nom , nous arriverons devant la baie de San Francisco et son célèbre Golden Gate Bridge le 5 octobre au matin.


Le soleil est resplendissant après deux jours de temps gris et nous pouvons admirer les couleurs orange du fameux pont pour une fois privé de brouillard. Nous empruntons l’une de ses trois voies vers le sud, trop rapidement car la circulation est assez dense alors que nous voulons admirer la baie d’un côté et l’océan de l’autre, après avoir payé nos 6 dollars de péage nous nous garons à sa sortie et marchons pour profiter de la vue magnifique. Il date de 1937 et mesure 2737m, chaque semaine 25 peintres utilisent 2 tonnes de minium pour l’entretenir, pendant les grosses tempêtes il peut osciller de 7m, un bel ouvrage.


Nous abordons la ville par…le port, vous l’avez deviné et tout de suite on remarque les oriflammes de la Coupe de l’America, sans le savoir on se retrouve au moment des séries qualificatives et on n’est pas peu fiers de voir le drapeau de « Team Energy » de Loïck Peyron notre représentant. Un peu plus loin les pelouses du front de mer sont envahies par des militaires avec stands et barnums, pas de doute un évènement se prépare, il est vrai que nous sommes vendredi et que le lundi suivant est un jour férié : le Columbus Day, commémoration de la découverte de l’Amérique par Christophe Colomb, il va y avoir du spectacle. Ayant une adresse au sud de la ville pour garer 3 jours Hervé, nous la traversons et y revenons en métro.


San Francisco est vraiment une ville à part. On a tous en tête des images : la porte de l’or (Golden Gate) du temps de la ruée vers l’ouest, Jack London et Kerouac de la Beat Generation, le phénomène Hippy, Bullit et sa poursuite en voiture, la faille de San Andreas et l’attente du Big One, on avait donc hâte d’y venir et elle ne nous a pas déçue. Elle restera avec New York et Québec, dans des registres différents, une des villes où l’on se sera senti à l’aise et curieux de découvrir, est-ce un hasard si ces trois villes ont un port ?

Vous le savez tous depuis le film avec Steve Mc Queen, la ville est bâtie sur une colline et les rues descendent très rapidement vers la baie, coupées à angle droit par d’autres ce qui donne des carrefours en dos d’âne très spectaculaires surtout lorsque qu’on emprunte les Cable Cars. Ces sortes de tramway sont tractés sur des rails par un câble d’acier sans fin inséré dans la chaussée, le conducteur n’a plus qu’à le pincer pour avancer, le freinage étant assuré à l’arrière par le préposé aux tickets, c’est très spectaculaire de dévaler ainsi certaines pentes atteignant 21%.


Le centre-ville ressemble à celui des grandes métropoles américaines, Downtown rassemble les boutiques de toutes les grandes marques planétaires ainsi que les bons restaurants et Financial District dresse ses buildings vers les étoiles…Chinatown y est comme à chaque fois très animé, la jeunesse branchée a pris la place des hippies à Haight-Ashbury et la population gay se concentre à Castro.


Le grand port de commerce s’étant déplacé de l’autre côté de la baie, tous les quais et les « Piers » ont été réhabilités avec une orientation malheureusement très commerciale et attrape-touriste, ils ont même condamné un ponton complet pour le laisser entièrement libre aux otaries, faisant ainsi le bonheur des photographes à commencer par nous-mêmes. Plus vers l’ouest le fort Mason, base militaire reconvertie en logements, boutiques d’art et autres, assure la transition avec les pelouses du Marina Boulevard et le port de plaisance.


Ce samedi 6 et dimanche 7 octobre, non seulement une foule considérable s’est déplacée un peu pour la coupe de l’América,  mais surtout pour la parade aérienne autant civile que militaire qui se déroule dans les airs. Pendant que nous admirerons les régates des formidables catamarans et le chavirage spectaculaire du favori américain Oracle (voir photos), nous aurons les tympans saturés par le vacarme de tout ce qui peut voler aux USA. Nous aurons le droit aux cascades de biplans, au passage du dernier gros Boeing, de l’avion furtif de l’armée de l’air mais surtout aux passages à très basse altitude des chasseurs des Blue Angels, l’équivalent de notre Patrouille de France, le tout était spectaculaire mais assourdissant, contrastant quelque peu avec le déplacement sur l’eau des voiliers de la Coupe.


Nous ferons également une grande balade à pied le long de la côte Pacifique à partir de Cliff House longeant le goulet que surplombe le Golden Gate Bridge mais ce jour-là le haut des piles était dans les nuages.


La descente vers Los Angeles nous prendra deux semaines en profitant vraiment de la côte et du beau temps, malheureusement l’eau est trop froide pour s’y baigner, ce qui explique l’omniprésence des otaries et phoques. Nous serons aussi très étonnés de voir les cultures fruitières et légumières, surtout de fraises à cette période avec des tracteurs énormes sur chenilles caoutchouc préparant en un seul passage les sillons intégrant l’arrosage goutte à goutte pour la saison à venir ; tout à côté des dizaines et des dizaines de latinos sont courbés pour récupérer les fraises arrivées à maturité, les disposant sur place dans les barquettes transparentes qu’on achète au magasin et, pour qu’ils ne perdent pas de temps, des toilettes mobiles multicolores sont placées sur des remorques qu’ils déplacent au fur et à mesure de la récolte.


Nous arriverons ainsi à Santa Cruz, spot incontournable des surfeurs qui y ont leur musée, avant d’arriver à la station balnéaire de Monterey. Il s’agit d’une péninsule marquant une frontière naturelle entre les longues plages du nord et les falaises célèbres de Big Sur au sud, c’est le royaume de la jet-set, avec somptueuses villas en bord de mer, golfs, route à péage (10 dollars) de 17 miles de Pacific Grove à Carmel dont Clint Eastood fut le maire. Nous la ferons à vélo, c’est gratuit ! Mais ceux qui l’empruntent en voiture n’en ont pas pour leurs sous.


La poursuite de la Highway 1 par Big Sur est très spectaculaire, la route tourne et vire à flanc de falaise dans une nature sauvage et préservée, on y retrouve des séquoias et en mer de grands champs de kelp. C’est là qu’Henry Miller se réfugia en 1947 pour fuir la société de consommation américaine qu’il détestait.


Nous retrouverons les grandes plages de sable à Pismo Beach et au charmant port de Morro Bay au rocher si spectaculaire.


Petite incursion dans les terres à Lompoc pour visiter la première mission franciscaine de « La Purisma » datant de 1787 ayant abrité jusqu’à un millier d’indiens Chumashs.


Plus nous nous rapprochons de Los Angeles, plus les noms nous rappellent le cinéma ou la télé, ainsi Santa Barbara joli station balnéaire où vivent de nombreuses stars et où nous rencontrons un breton. Un Lorientais tient en effet une crêperie en plein centre : Pacific Crêpes, Yvan était content de parler du pays, il y est depuis une quinzaine d’années et les affaires marchent bien, par contre il se verrait bien acheter une maison de vacances en Floride près de Naples car l’immobilier en Californie est hors de prix.


Au large nous distinguons l’archipel des Channel Islands qui sont un National Park donc très sauvages, on ne peut y séjourner qu’en emportant sa tente et sa nourriture, dommage que nous ne sommes pas équipés, une autre île plus au sud en face de Los Angeles est elle très touristique, il s’agit de Catalina Island. Dommage que notre bateau soit en Floride, nous aurions bien aimé visiter toutes ces îles. Devant ces îles on voit aussi au large beaucoup de plates-formes pétrolières qui malheureusement rejettent des résidus que l’on retrouve sur les plages sous forme de goudron.

Plus bas, dès Ventura et Oxnard, nous sommes quasiment dans la banlieue de L. A. alors qu’on est à quasiment 100kms du centre, cette ville est immense, plus de dix millions d’habitants avec ses cités périphériques, par contre à part les tours de Downtown et le centre, la ville est très aérée et les maisons excèdent rarement plus d’un étage. La conséquence en est des temps de trajets très longs en transports en commun surtout que nous avons préféré laisser Hervé sur une aire de stockage de bateaux et R.V. à Marina del Rey tout près de l’océan et de l’immense plage qui va de Santa Monica à Long Beach en passant par le quartier voisin de Venice.


L.A. n’est pas vraiment au bord de la mer, le centre en est distant d’une dizaine de kms et est entourée de monts dont le plus célèbre arbore en lettres blanches le fameux H O L L Y W O O D. Nous ne manquerons évidemment pas d’arpenter son fameux boulevard où plus de 2400 étoiles de stars sont incrustées dans le trottoir.


Pour l’instant cette mégalopole ne nous passionne pas, trop étendue, pas de relief, pas de port( !!!) mais nous y laissons Hervé pour un peu plus de trois mois et qui sait au retour ? Nous finirons alors la visite de cet état par San Diego avant de longer la frontière mexicaine vers le Nouveau Mexique. Après environ 50000kms parcourus depuis la Floride il nous restera à peu près 4500 de plus avant de rejoindre « Retour de galbord »…

jeudi 27 septembre 2012

DE MESA VERDE A YOSEMITE N.P.


                                                      

Nous quittons l’Utah pour le Colorado le 13 septembre, de Moab on descend plein sud puis à Monticello on va vers l’est en direction de Cortez, toutes ces contrées sont désertiques, de longues lignes droites coupant des collines, la seule végétation est toujours la sage brush avec de temps en temps quelques touches jaunes données par la rabbit brush. Par contre quelques miles avant Cortez sitôt franchie la frontière du Colorado, on retrouve du vert, de l’herbe, quelques pièces d’eau et des troupeaux de bovins, les fameux « Angus » qui donnent une viande si tendre.


Au loin une chaîne de montagne se profile, vu la direction on se doute que c’est l’Ute Mountain dont la partie est abrite le Mesa Verde National Park. Nous y pénétrons par le nord grâce à sa seule route d’accès qui nous fait gravir d’un coup à plus de 2000m. La découverte et l’histoire de ce lieu est assez singulière.


En 1888 deux cow-boys à la recherche de leurs bêtes égarées découvraient « Cliff Palace », « Spruce Tree House » et « Square Tower House », trois villages semi troglodytiques à flanc de falaise protégés par un surplomb rocheux les abritant des intempéries. 


Regardez les photos, c’est très particulier. Par la suite des archéologues en découvriront d’autres ainsi que des sites beaucoup moins élaborés sur le plateau même remontant au Vème siècle. Ils ont pu ainsi retracer l’histoire de ces tribus indiennes et l’évolution qui les a conduit vers le XIIème siècle à construire ces cités surplombant les canyons.


Un certain mystère demeure quant à la disparition de ses habitants car les archéologues ne découvrirent aucun squelette sur place, tout ce qui est nécessaire à la vie quotidienne avait disparu. Il y a donc eu un exode massif vers d’autres contrées, les dernières explications penchent pour un manque de précipitations vers 1276 entraînant progressivement  le tarissement des cours d’eau qui les obligea à émigrer vers le sud et l’ouest. La visite de ces sites fut très intéressante et un peu « sportive » car l’accès ne se fait que par des échelles.


Route ensuite vers l’ouest, à nouveau un petit crochet dans l’Utah pour découvrir la « Valley of the Gods » peu avant Mexican Hat.


Les informations sur cette piste serpentant entre des formations rocheuses dignes des meilleurs westerns étaient assez contradictoires, pour certains un véhicule 4x4 étant même nécessaire. Heureusement Hervé est assez haut sur pattes et nous risquons le coup, au début c’est une piste un peu comme on en a déjà pris aux provinces maritimes canadiennes avec beaucoup de poussière, après quelques kilomètres on franchit des gués heureusement à sec, il n’y aura qu’un passage difficile où un certain élan nous permettra de passer malgré le bas du support vélo qui raclera quelque peu le sol. Mais quel spectacle pendant plus d’une heure, car on progresse très lentement, on admirera le long travail de l’érosion sur ces fabuleux rochers, le tout dans ces couleurs rouge ocre si caractéristiques. Le petit plus étant que les voitures à faire ce circuit ne sont pas légion et le sentiment d’isolement est assez prenant.


Sentiment qui est totalement absent de Monument Valley, là des cars et des cars déversent des foules de visiteurs qui embarquent à la queue leu leu dans des picks-ups conduits par des Navajos, on est ici dans une réserve indienne. Après ce que nous avons vécu le matin même avec notre propre véhicule, nous ne ferons que contempler la vallée du belvédère du Visitor Center, trop de monde pour nous mais la vue d’ensemble est exceptionnelle. L’esprit des western de John Ford est bien présent et tout ici est à la mémoire de John Wayne.


Tout cela est très beau mais l’eau nous manque, difficile me direz-vous d’en trouver dans ces coins désertiques ? Eh bien non puisque le Colorado n’est pas loin et qu’en 1966 fut inauguré le barrage de Glen Canyon créant de ce fait un lac nommé « Lake Powell » en l’honneur du premier découvreur du cours du Colorado qui l’explora en 1869. Ce lac est immense, il totalise 3140kms de rivage car empruntant de multiples canyons sinuant sur 300kms, c’est le deuxième plus grand lac artificiel des USA avec 655km².


Aujourd’hui l’avenir de ce barrage se pose car sa production n’est pas suffisante, il sert uniquement d’appoint à une énorme centrale au charbon qui défigure le magnifique paysage du lac et de plus il empêche l’écoulement naturel du sable charrié par le Colorado et la San Juan River posant de graves problèmes écologiques. Quoiqu’il en soit le lieu est très touristique et pour une fois nous installerons Hervé carrément sur la plage à 15m de l’eau du lac, on paie 10dollars au National Park et on s’installe comme beaucoup d’autres au bord de l’eau, spectaculaire mais bonjour la promiscuité ! Heureusement qu’à  22h toute nuisance sonore est interdite.

La courbe parfaite du Colorado au Horseshoe Bend

Le 17 septembre nous poursuivons notre descente du Colorado en allant l’admirer au Grand Canyon National Park. Encore une étape incontournable dans cette découverte du grand ouest américain et il est vrai que ce sera un très bon souvenir. Quelques chiffres tout d’abord : sa route du sud de l’Utah au nord du Colorado fait 445kms, il peut atteindre 1829m de profondeur et fait 29kms dans sa largeur maximale. Son canyon est composé de plusieurs paliers comme vous pouvez le voir sur les photos et du haut du plateau on ne le voit qu’à très peu d’endroits.


Le parc est très bien organisé avec de nombreux « Lodges » hôtels recevant les touristes du monde entier, il y a même une gare avec un train spécial qui y arrive, tout un village avec une école pour les enfants des employés, des navettes de bus gratuites sillonnent toutes les routes qui longent le canyon et permettent de profiter du spectacle sur de nombreux kilomètres avec de fréquents arrêts.


Pour nous, pas question d’avoir  fait autant de route sans voir la rivière au fond du canyon,  le 19 à 6h30 du matin nous commençons notre descente du « Bright Angel Trail », sentier de 19kms A/R avec 933m de dénivelé, nous parviendrons au Plateau Point, endroit qui surplombe le Colorado de 384m, on peut descendre plus bas mais cela se fait obligatoirement sur deux jours et on n’est pas équipé pour le camping avec tente. Malgré tout les Rangers donnent un temps moyen pour ce parcours de 8 à 12h, nous l’aurons fait en 6h et pas beaucoup de jeunes nous auront doublés, après tout on se dit qu’on a encore de l’endurance.


Ceci dit une telle randonnée vous permet vraiment d’admirer à sa juste valeur ces paysages majestueux  uniques au monde et aux couleurs si changeantes au gré des heures.


Sans transition, après les merveilles de la nature nous roulons, toujours à travers des paysages désertiques qu’ont connu les pionniers en empruntant la fameuse route 66, vers la cité du péché « Sin City » surnom de Las Vegas. La route d’un National Park à un autre y passait, alors cela justifiait un arrêt de 24h. Je ne vous détaillerais pas ce que tout le monde connaît, l’enfer du jeu, les plus grands hôtels du monde, tout cela dans une cité de deux millions d’habitants bâtie en plein désert et il fait chaud, 40° ce jour-là. Autant vous dire qu’on était heureux de trouver un camp en plein centre, à dix minutes à pied du célèbre Strip où on s’est dépêché de mettre la clim qui avait du mal à étaler au soleil de l’après-midi. De toutes façons la température et le spectacle ne permettent que la sortie nocturne, regardez les photos c’est dantesque, il faut le voir pour le croire.


Tout le long du Strip sont reconstitués les principaux monuments qui font rêver : pyramide de Gizeh, Tour Eiffel, Arc de Triomphe, Palais des Doges, Empire State Building etc… Avec des plans d’eau d’où sortent 1000jets d’eau comme au Bellagio, tout cela fait pour attirer des milliers de joueurs, du délire à l’état pur, l’Amérique dans toutes ses contradictions !


Vite de l’air pur après tout cela, une longue chevauchée de 650kms clim à fond nous fera traverser le désert de Mojave, vu la canicule nous n’avons pas osé affronter les près de 45° de la Death Valley. Nous préférons gagner des altitudes plus fraîches au Sequoia National Park en Californie. Ce parc n’est pas très grand mais contient les plus grands et les plus anciens êtres vivants de la planète, le « General Sherman » sequoia ainsi nommé aurait entre 2300 et 2700 ans, 84m de haut, 11m de diamètre pour 1256 tonnes. Nous y ferons de belles balades pour admirer ces géants qui ne produisent pour se reproduire que des pommes de pins de la taille d’un œuf !


Passage ensuite dans la vallée située à l’ouest de la Sierra Nevada où tout est contraste entre les collines chauves et jaunes et les vergers s’étendant à perte de vue bien irrigués par des canaux recueillant et distribuant l’eau de la montagne grâce à des arrosages goutte à goutte au pied des plants, ce n’est pas pour rien que la Californie arrose de ses fruits et légumes toute l’Amérique du nord.


Le 24 septembre nous entrons au Yosemite National Park par l’entrée sud qui nous amène de suite au Mariposa Grove qui regroupe la majorité des séquoias du parc, ils ne sont pas aussi anciens que ceux du Yosemite mais ils sont aussi très beaux, c’est ici que se trouvait l’arbre tunnel de Wawona dont le tronc laissait passer une diligence, malheureusement il s’est effondré en 1969 suite à une charge de neige trop abondante pour sa base affaiblie par ce tunnel. 


Nous irons ensuite marcher au Sentinel Dome, comme son nom l’indique c’est un dôme granitique tout arrondi culminant à 2476m, un sentier nous permet de descendre à Glacier Point d’où on a une vue magnifique sur la Yosemite Valley et les sommets environnants dont le fameux Half Dome qu’on peut gravir par des escaliers creusés dans la roche en étant assurés par des câbles. Nous nous estimons bons grimpeurs mais ce parcours représente 23kms A/R et nécessite une autorisation spéciale par internet, donc ce sera pour une autre fois !


Le lendemain nous descendrons et pénètrerons dans la vallée gardée par un impressionnant rocher appelé El Capitan, à pic de 900m, plus haute falaise entière du monde. S’ensuit une vallée très plate parsemée de prairies où coule la Merced River et où comme d’habitude le National Park a su intégrer à la nature une multitude de logements, campings, restaurants tout cela à l’abri des grands pins séculaires.


Tout cela doit être encore plus beau au printemps à la fonte des neiges car de nombreuses chutes très spectaculaires alimentent la rivière Merced. Nous monterons à la Vernal Fall, puis par 600 marches de granit à la Nevada Fall mais il n’y a plus qu’un mince filet d’eau qui les alimente.


Nous sortirons du parc par l’est qui franchit la Sierra Nevada à la Tioga Pass à 3031m nous offrant de splendides panoramas sur de multiples dômes de granit gris clair tout chauves.


Ainsi se termine notre visite des parcs nationaux de l’ouest américain, depuis le Yellowstone nous avons parcouru plus de 3300miles soit environ 5200kms et l’on peut dire que nous avons été comblés, les américains comme les canadiens d’ailleurs ont créé des outils formidables pour préserver la nature, la végétation comme la faune y sont protégés et c’est magnifique de pouvoir approcher un ours ou un cerf de très près sans qu’il prenne peur et s’enfuie. Si nous avions les moyens financiers nous autres européens aurions bien des leçons à tirer de ces exemples, malheureusement la conjoncture, le temps, la relative étroitesse de notre territoire ne nous le permettront sans doute pas, il nous reste l’écologie dont nous avons il me semble une plus grande conscience que les nord-américains qui en dehors de leurs parcs la sacrifie beaucoup plus que nous. C’est là un des nombreux paradoxes de ce continent.


jeudi 13 septembre 2012

RETOUR AUX ETATS UNIS - DU YELLOWSTONE AUX PARCS DE L'UTAH


                                                 DU YELLOWSTONE AUX PARCS DE L’UTAH

Ce 24 août nous étions à 4h15 à l’aéroport de Vancouver et nous laissions notre fils regagner la France et son travail après trois semaines très agréables en sa compagnie. Après quelques heures de sommeil sur le parking d’un supermarché nous mettons le cap sur la frontière américaine, Blaine exactement distante d’une quarantaine de kilomètres
.

A l’approche du poste frontière des panneaux électroniques nous annoncent une demi-heure d’attente, en réalité nous ferons une heure et quart de pare choc contre pare choc avant d’être introduits dans la salle de l’immigration. En effet, nous sommes un cas particulier et l’officier qui nous reçoit menace de nous refouler au Canada. En arrivant en février en Floride nous avons eu un permis de séjour de six mois se terminant le 21 août, en toute bonne foi nous pensions que le fait d’avoir passé quatre mois au Canada nous permettait de rester quatre mois plus tard aux USA, que nenni d’après notre interlocuteur. Après une demi-heure d’explications cette personne nous redonne un permis pour six nouveaux mois. Nous sommes soulagés mais inquiets pour notre retour de France prévu en février prochain après s’être envolés de Los Angeles en novembre, cela risque d’être le même cinéma. Affaire à suivre.


Revenons-en à la découverte de l’Ouest américain. L’état voisin de la Colombie Britannique est l’état de Washington dont la plus grande ville est Seattle, la côte nord est très semblable à celle de sa voisine colombienne et le Puget Sound s’enfonce à travers un chapelet d’îles jusqu’à sa capitale Olympia. C’est au bord de ce sound que nous ferons notre première halte au Larrabee State Park.


Le lendemain, après avoir franchi un col à 1000m, le paysage changera totalement, fini les cultures, les bois et les lacs, place à des immensités désertiques couvertes de « sage brush » une plante vert clair de 50cms de haut qui pousse partout on se demande comment. Pendant deux jours nous boufferons de l’autoroute pour passer l’Idaho et une partie du Wyoming à l’entrée duquel nous avons échappé de justesse à un carambolage, un semi-remorque s’étant couché dans une courbe deux minutes avant notre arrivée, heureusement aucune voiture ne l’a percuté et le chauffeur était indemne.


Le lundi 27 nous déjeunions au bord de la rivière Yellowstone entre Bozeman et Gardiner avant de faire notre entrée dans le parc par le nord à Mammoth Hot Springs.


Le parc du Yellowstone est le plus ancien des parcs nationaux américains, il a été créé en 1872 et couvre une surface équivalente à la Corse. C’est un grand plateau à 2500m d’altitude moyenne placé au-dessus d’un feu permanent puisque le magma n’est qu’à 3350m de profondeur, autant dire qu’il n’est pas étonnant de voir surgir un peu partout des fumerolles, des geysers et des boues sulfureuses.


 Le spectacle est permanent et les couleurs extraordinaires, impossible à décrire mais regardez les photos. A côté de cela il y a une immense forêt dont une partie brûle en permanence pendant l’été. Quand nous y étions il y en avait cinq tous allumés par la foudre ; les Rangers les surveillent depuis le sommet du mont Washburn 3122m que nous avons gravi comme beaucoup de superbes points de vue que nous rencontrons.



L’autre trait dominant du parc est le lac Yellowstone, plus grand lac de montagne d’Amérique du Nord totalisant 176kms de rivages, il s’écoule par la rivière du même nom via le Mississipi vers l’Atlantique ; calme au départ dans une large vallée où paissent les bisons, son cours se resserre au niveau du Canyon avec deux belles chutes, la première de 30m et la deuxième de 100m.



La vie animale y est très présente et les bêtes n’y sont pas craintives, dans deux de nos campements on pouvait le soir les voir passer à trois mètres de notre véhicule ou créer sur les routes des files de véhicules photographiant bisons ou cerfs broutant l’herbe des bas-côtés ou s’installant sur les pelouses bien entretenues du centre du parc à Mammoth Hot Springs.


Le prolongement naturel de ce parc est celui de Grand Teton National Park, découvert par des trappeurs français au 18ème siècle qui donnèrent ce nom aux trois sommets principaux, south, middle et grand Teton de 3814 à 4197m.


Cette chaîne est majestueuse, orientée nord-sud, au pied de laquelle se trouvent plusieurs lacs dont le Jackson Lake et le Jenny Lake, puis une grande plaine se prolonge jusqu’à Jackson Hole, première ville où l’on sent vraiment qu’on est dans l’ouest américain avec ses ranchs et ses cow-boys coiffés de l’indispensable Stretson.


C’est dans ce parc, lors d’une grande balade à Colter Bay vers l’Hermitage Point que nous verrons un loup détaler à notre approche, est ce nous qui l’avons surpris ou l’orage qui grondait à cet instant, toujours est-il que dans cette presqu’île, loin de tout, nous n’étions pas très fiers !


Route ensuite plein sud pour rentrer dans l’Utah au lac Bear sur la rive duquel nous passerons une agréable fin d’après-midi.


Cap ensuite vers Salt Lake City ou plutôt Antelope Island, la plus grande île du Grand Lac Salé. On y accède par une digue-jetée de 10Kms et on passe de la ville au désert.


L’île est en effet un parc d’état donc protégé de toute construction, on y trouve juste un ranch construit en 1848. La vie animale y est très présente, on dénombre 500 à 700 bisons, des mouflons d’Amérique, des cerfs et des antilopes d’Amérique qui lui ont donné son nom.


Le soir, il ne reste que les campeurs et on vit au milieu des animaux, alors que j’étais tranquillement assis dehors en train de mettre à jour mes photos, un bison énorme passait à deux mètres en me lorgnant de son gros œil, il remontait d’une pâture plus bas et traversait le camp. La nuit tombée nous entendions des cris plus aigus que ceux d’un chien hurlant et le matin un coyote était en chasse près de notre véhicule. C’est aussi un lieu de passage de beaucoup d’oiseaux migrateurs.


Pour maintenant vous savez que les grandes villes ne nous attirent pas beaucoup et que nous préférons la nature, aussi notre passage à Salt Lake City se fit rapidement par l’autoroute qui la traverse, juste le temps d’apercevoir ses immeubles et la coupole de l’Utah State Capitole. Nous avons lu l’histoire de cette ville fondée par Joseph Smith, créateur de la secte des Mormons, je dis secte car en France elle est cataloguée comme telle. Ici aux USA c’est une église un peu particulière car elle domine l’état de l’Utah et a ou a eu des comportements extrêmes en interdisant l’alcool pendant de longues années, en prônant pendant longtemps la polygamie et en recensant les familles du monde entier afin d’en rebaptiser les morts ! Il est d’ailleurs réconfortant de voir qu’ une marque de bière locale conteste ces pratiques et cette secte en en baptisant une « Evolution « avec sur l’étiquette plusieurs silhouettes du singe à l’homo erectus et l’autre « Polygamy » avec une image osée entourée d’angelots…


Revenons à la nature puisque nous filons plein sud pour commencer la visite des cinq parcs nationaux du sud de cet état et le premier d’entre eux est Zion. On reste dans l’ancien testament et les mormons puisque son nom fait référence au Sion biblique. Ce parc est un canyon creusé par la Virgin River dans des falaises à dominante ocre comme dans toute cette région, mais où on voit aussi des strates blanches et grises. Il y a vraiment deux belles balades à y faire et nous ne les avons pas manquées.


La première est « The Narrows », il s’agit de remonter à pied la rivière dans un canyon très étroit en marchant dans son lit les trois quarts du temps, heureusement que le niveau d’eau est bas et nous ne mouillerons que le bas du short. La remontée se fait sur plusieurs kilomètres, nous ne le ferons que sur deux mais les falaises qui nous entourent de si près sont impressionnantes et magnifiques par leurs différentes couleurs, il faut vraiment lever la tête à la verticale pour apercevoir le ciel.


La deuxième est « Angel’s Landing », c’est la montée d’un éperon rocheux que la rivière contourne dans le canyon. On débute par un sentier dont la pente s’accentue petit à petit pour accéder à la base du rocher, puis on monte en zig-zag très courts et raides jusqu’à un premier point de vue au bout de 3,2kms d’ascension.


Reste 800m à faire en traversant d’abord une crête large d’un mètre cinquante maximum avec un à-pic de chaque côté, sujet au vertige s’abstenir, heureusement que des chaînes ont été scellées aux points stratégiques et que l’on peut s’y accrocher, arrivés au sommet on a une vision fantastique des deux côtés du canyon, un peu fatigués car il fait très chaud mais comblés par le spectacle.


Le deuxième parc est celui de Bryce Canyon, totalement différent du précédent. Il s’agit ici d’un plateau calcaire dans lequel l’érosion a sculpté une multitude de cheminées de fées et de colonnes aux formes parfois étonnantes.


Tout ceci dans un amphithéâtre naturel où les couleurs varient du jaune à l’orange voire presque rouge suivant la position du soleil, quelques sapins arrivent à pousser parmi tout cela y ajoutant une touche de vert très contrastée.


C’est très joli à voir du bord du plateau et c’est aussi très impressionnant de parcourir les sentiers qui serpentent à la base de toutes ces formations.


Capitol Reef est le troisième. Il est bien moins visité que les deux précédents car il s’agit d’une cassure très longue au fond de laquelle coule la Fremont River. C’est un univers très minéral avec des cassures dans la falaise qui permettent d’y pénétrer par des pistes de terre infréquentables par temps d’orage.



Nous en visiterons deux, le Grand Wash où s’abrita Butch Cassidy et le Capitol Gorge où les pionniers passaient pour aller plus sud et gravaient leurs noms sur la roche. Dans ce presque désert les mormons ont planté près de la rivière un verger de 2700 arbres fruitiers qui est encore exploité aujourd’hui et près duquel se situe le camping avec de nombreux arbres à l’ombre desquels on peut s’installer. La cassure ou reef appelé « Waterpocket Fold » fait 160kms de long et il aurait fallu un 4X4 pour sillonner les pistes qui le longent.


Le quatrième parc est Arches National Park. Comme son nom l’indique on vient ici pour voir les étonnantes arches sculptées par la nature dans le grès rouge, il y en a des dizaines et pour découvrir les plus belles il faut marcher quelques kilomètres. Il en est ainsi de celle qui est l’emblème de l’Utah : Delicate Arch, au bout de deux kilomètres on la découvre subitement, masquée par un gros rocher et c’est l’émerveillement tant elle est fine, posée sur un socle incliné au bord d’un canyon. Pour les autres je vous renvoie aux photos car elles sont de formes très diverses et dans des environnements très différents.


Le parc suivant, le dernier de cette région dans l’Utah est Canyonlands National Park, on le visite par deux routes, l’une au nord et l’autre au sud de Moab qui est la ville touristique de cette région traversée par la Green River et le fameux Colorado, c’est d’ailleurs au bord de ce dernier et devant une magnifique falaise de grès rouge appartenant au parc d’Arches que nous passerons deux nuits. Nous ne visiterons que la partie nord de ce parc appelée « Island in the Sky », c’est un plateau de 50kms de long du bord duquel on surplombe les deux rivières précitées d’un à-pic de 600m et d’où on a une vue extraordinaire sur leur confluent et le début de ce qui nous attend plus loin, la vallée du Colorado et son fameux canyon, mais regardez les photos, elles en disent beaucoup plus que des mots.


Je dois dire que tous ces parcs américains sont passionnants et très différents les uns des autres, qu’on ne s’attendait pas à passer aussi longtemps de temps en Utah, il nous reste à continuer d’explorer la route du Colorado avant de remonter vers la Californie.