Les voileux se transforment en routards

Le périple est terminé, 50.000kms en un an, Hervé repart vers l'Ouest américain avec d'autres français. Nous avons retrouvé notre bateau à Green Cove Springs et début mai nous voguerons vers les Bermudes avant de rejoindre Flores, première île de l'archipel des Açores. Le retour dans notre chère Bretagne est prévu vers le 15 août.

Adresse du blog bateau :
https://retourdegalbord.blogspot.com/

vendredi 15 mars 2013

LOUISIANE




Ce vendredi 1er mars, nous entrons dans cet état limitrophe du Texas. Ce devait être un temps fort de notre voyage retour vers le bateau et ce le sera, du fait de la présence française qu’on ressent encore dans le pays Cajun et du fait de la joyeuse Nouvelle Orléans, capitale de la fête aux USA.


Cet état est aujourd’hui au 33ème rang en superficie, c’est dire que son territoire s’est réduit comme une peau de chagrin puisqu’en 1682 René Robert Cavelier, sieur de la Salle descendit le Mississipi depuis les grands lacs et nomma toutes les régions traversées Louisiane en l’honneur de son souverain Louis XIV.  En 1718, avec la fondation de la Nouvelle Orléans, les immigrés français s’y installent bientôt rejoints par les acadiens dont je vous ai raconté l’histoire lors de notre passage aux Provinces maritimes. Le mot Cajun venant d’une déformation du mot acadien. Malheureusement pour la France, Napoléon vendit ce territoire aux américains en 1803 qui doublèrent d’un coup la superficie de leur territoire.

Ici, on ne parle plus de county (comté), équivalent de nos cantons, mais de parish (paroisse), c’est dire aussi de la différence existant avec les autres états. On retrouve ensuite les régions, nous ne visiterons que le pays cajun qui va de l’état du Texas au Mississipi, et la région de la Nouvelle Orléans qui va du Mississipi à l’état du même nom à l’est.

Avant d’y venir, on avait une image de marécages, de cours d’eau et du jazz à la Nouvelle Orléans, on ne se trompait pas beaucoup car l’eau y est omniprésente mais l’agriculture également avec le coton plus au nord, le riz et la canne à sucre dans le pays cajun. C’est donc dans ce paysage que nous commençons par un State Park à Lake Charles, il borde en effet un bayou (rivière à faible courant ou stagnante) qui alimente de nombreuses mares où pousse l’arbre emblématique de cet état : le cyprès chauve.


Cependant, l’immersion véritable en pays cajun commencera à Eunice. Tous les samedi soir en effet s’y déroule un concert de musique cajun (violon, triangle, guimbarde et accordéon) et zydeco plus rythth’n’blues avec guitare, batterie, cuivres et piano. Manque de chance, ce soir-là c’était soirée country, on a quand même passé un bon moment.


 De plus étant en pleine région de production d’écrevisses, on en profita pour s’en faire une orgie au resto d’à côté : 3 livres chacun pour un peu plus de 10 euros !


Ici les écrevisses sont une culture complémentaire du riz, c’est très étonnant. La région étant très plate et les terres n’absorbant pas l’eau, les champs sont inondés après la récolte de riz et ensemencés de naissain d’écrevisses qui grandiront en se nourrissant des résidus de riz, elles seront à maturité en mars-avril. La production est conséquente pour cette région et on en trouve en vente partout.

Route ensuite vers la capitale de cette région : Lafayette où une antenne des National Park présente une très belle reconstitution historique des Acadiens, leur vie de tous les jours avec des panneaux en français et un très beau film retraçant leur exil.

 Nous y ferons aussi connaissance d’un couple de québécois très sympathiques, Claudie et Jean qui sont déjà venus à Concarneau voir Claude Michel notre chanteuse locale qui avait donné un concert dans leur localité du bord du St Laurent. Le courant passa naturellement très bien et nous nous retrouverons le soir même pour dîner et écouter de la musique cajun et zydeco cette fois.


Retour en pleine nature à Pont Breaux au lac Martin où nous retrouvons les alligators abandonnés l’année passée en Floride ainsi qu’une foule d’aigrettes et de spatules roses perchées dans les arbres baignant dans l’eau, les fameux cyprès chauve.



Passage ensuite à St Martinville au bord du bayou Teche patrie d’Evangéline, d’après le très célèbre roman d’Henry Longfellow, elle retrouva son amour Gabriel au pied du chêne deuxième plus vieux d’Amérique après leur séparation de trois ans due au Grand Dérangement, malheureusement il était atteint de la lèpre et décéda dans ses bras, plus romantique tu meurs !


L’église est une des plus anciennes de Louisiane (1765) et oh surprise, un de ses premiers curés était né à Pontivy. La Bretagne se retrouve partout.


Nous traverserons ensuite une région où la culture de la canne à sucre est omniprésente, malheureusement pour nous qui n’avons plus de rhum antillais pour nos ti-punch, ils n’en produisent pas. On doit se contenter du médiocre rhum porto-ricain.

La région de la Nouvelle Orléans est elle aussi baignée par les eaux puisque le Mississipi la traverse avant de se jeter par un delta dans le Golfe du Mexique, son port se classe parmi les dix plus importants au monde, c’est dire l’importance de cette voie navigable. Un immense plan d’eau, le lac Pontchartrain borde la ville au nord et malheureusement les levées qui étaient censées protéger les zones habitées ne furent pas assez fortes en 2005 lors du cyclone Katrina et c’est cette partie de la ville, en fait les quartiers pauvres qui furent sinistrés. On voit maintenant qu’elles ont été renforcées, bétonnées avec d’énormes portes étanches, ouvrages impressionnants.


Malgré tout, la bonne humeur règne ici et la musique est omniprésente dans le quartier français et les alentours, le jazz y est né, son carnaval y est aussi couru que celui de Venise ou de Rio et tous les prétextes sont bons pour faire la fête, lors de notre passage les irlandais fêtaient la St Patrick avec 10 jours d’avance et la bière coulait à flot.


Dans ce French Quarter, on se croirait arrivé dans certains quartiers des Antilles ou de La Havane tellement les créoles et les espagnols ont imprimé leur marque. 



On a pu ressentir l’histoire et une partie de l’âme de cette ville grâce à une visite guidée en français retraçant l’histoire d’une riche famille créole, les Duparc-Locoul originaires de Normandie et du Médoc, possédant la célèbre plantation Laura et des maisons en ville avec des patios très agréables qu’on a pu visiter.




Bien évidemment, la langue française a pratiquement disparu. On la retrouve sur les panneaux des rues et les noms de villages et lieux-dits. Malgré tout beaucoup de gens d’un certain âge parlent encore français en pays cajun et des associations comme le Codofil à Lafayette s’efforcent de le perpétuer. La devise de cette région est : « Laisse les bons temps rouler » et on y adhère pleinement.