JUIN ET JUILLET 2012
Le 25 juin nous passions la « frontière » entre
Nouveau Brunswick et Québec très près de celle américaine du Maine, on est dans
la chaîne des Appalaches et dans la descente vers le St Laurent nous passons
dans la très belle région du lac Témiscouata, malheureusement le temps pluvieux et de très mauvaises odeurs
provenant d’une usine de pâte à papier nous pousserons jusqu’à Rivière du Loup
au bord du grand fleuve que nous retrouvons avec plaisir.
A l’aller nous avions négligé la région de Charlevoix au
profit du lac St Jean, nous reprenons donc le traversier Rivière du Loup –
Saint Siméon pour arriver à La Malbaie. Ce nom lui fut donné par Jacques
Cartier après s’y être échoué, elle est en effet très peu profonde et découvre
à marée basse de multiples hauts fonds. Nous découvrirons les beautés de cette
région au parc national des Hautes Gorges de la Rivière Malbaie et au parc
national des Grands Jardins.
Le premier se situe le long de la rivière qui fut un haut
lieu de la « drave », c’est-à-dire le métier très dur exercé par ces
hommes qui allaient pendant plusieurs semaines couper les arbres au fond de la
vallée et qui se chargeaient de les faire descendre par flottage, il fallait
sans cesse éviter qu’ils s’entassent à certains endroits et ils devaient
prendre de grands risques pour les dégager
tout cela pour un salaire de misère et des conditions d’hébergement très
rustiques. Depuis la fin du siècle
dernier cette technique du flottage du bois est interdite car les poissons et
en particulier les saumons ne pouvaient plus y vivre tellement cette couverture
de bois asphyxiait les rivières.
Sans doute pour leur rendre hommage, le plus dur chemin de
randonnée s’appelle maintenant « l’Acropole des Draveurs ». Nous
gravirons ses 800mètres de dénivelé pour pouvoir admirer au sommet le
magnifique panorama sur les gorges de la rivière et les sommets environnants.
Le deuxième parc de la région, les Grands Jardins, est assez
différent avec un plateau accessible où l’on campe au milieu de la forêt
boréale et son entrée au sud est remarquable par le mont du Lac des Cygnes
culminant à 1000m et au sommet duquel on peut admirer la cuvette créée par un
météorite il y a plusieurs millions d’années et qui a contribué à façonner
cette belle région de Charlevoix.
Le 2 juillet nous repasserons à Québec, la ville est
tellement agréable et comme nous sommes 20 jours avant le départ de la transat
Québec – St Malo, plusieurs coureurs français sont déjà là. Deux trimarans dont
l’ancien « Crêpes Waouh 2 » de F.Y. Escoffier rebaptisé « Fenêtres
Cardinal », sans doute le favori de l’épreuve d’après son convoyeur avec
qui nous discutons navigation, et beaucoup de Classe 40 dont celui d’Halvard
Mabire qui fera juste son arrivée après la remontée du St Laurent. L’espace de
quelques heures nous replongeons dans le milieu du bateau en songeant que dans
10 mois ce sera notre tour de rejoindre la Bretagne à bord de notre voilier qui
nous attend en Floride.
Ce soir-là nous dormirons sur un parking à Joliette et vers
trois heures du matin un bruit suspect réveillera Annick qui bondira hors du
lit pour éviter qu’un maraudeur pénètre dans le véhicule en passant la main par
une vitre entrebâillée. Le camping sauvage comporte des risques, autant de ce
côté de l’Atlantique que chez nous.
Notre séjour au Québec se termine par les retrouvailles à
Notre Dame de l’île Perrot avec Patrick et Isabelle qui sont provisoirement
locataires avant de pouvoir prendre possession de leur nouvelle habitation en
construction, on aura beaucoup de choses à se raconter et ce sera un moment
bien agréable, on espère bien qu’un jour nous pourrons les recevoir chez nous.
Le lendemain André et Diane nous ferons faire le tour de Salaberry de
Valleyfield avec moult explications sur l’histoire passée et future de leur
ville en pleine transformation, nous ferons aussi connaissance avec Marie, la
sœur d’André passionnée de généalogie et d’histoire qui va l’année prochaine
traverser l’Atlantique à bord de la « Recouvrance » de Brest afin de
commémorer le 400ème anniversaire de la venue des Filles du Roy en
Nouvelle France. Nous donnons rendez-vous à André fin juillet dans les Rocheuses.
Je crois l’avoir déjà dit, le Québec restera gravé dans nos
mémoires, tant par la gentillesse des gens que par ses somptueux paysages. On y
a appris une page d’histoire que l’on n’ avait que survolé durant nos études,
on y a retrouvé au travers du mode de vie et du comportement éminemment
francophone un peuple voulant plus que jamais affirmer sa différence vis-à-vis
de son entourage anglo-saxon, on ne peut que le soutenir tant c’est méritoire
de représenter notre culture dans ce grand continent. Dans notre véhicule nous
avons la chance de recevoir Radio Canada qui émet de Montréal en français et
que l’on capte dans toutes les provinces, même ici à Calgary ; leurs
émissions sont d’une qualité exceptionnelle et nous permettent jour après jour
de mieux comprendre nos cousins d’Amérique, en ce moment ils sont en pleine
campagne électorale et cela nous rappelle celle que nous venons de vivre en
France.
Ce jeudi 5 juillet nous quittons définitivement le Québec
pour passer en Ontario en longeant la rivière des Outaouais qui sépare les deux
provinces, Gatineau assurant la transition. La capitale fédérale touche ainsi
le Québec, seule la rivière l’en sépare.
Ottawa est une très belle ville avec des bâtiments
gouvernementaux bien en évidence sur la « Colline » terme les
désignant communément. Tant par l’architecture de ces bâtiments que par la
présence ce jour- là (anniversaire de 1812 oblige) d’une exhibition sur
l’esplanade d’une fanfare et d’un bataillon de l’armée canadienne en grand
apparat avec bonnets à poils, de quelques officiers en kilt, on se croirait
plus à Buckingham Palace qu’à 200kms de
Montréal. N’oublions pas que le Canada a une reine : Elisabeth II et
qu’elle figure sur tous les billets canadiens.
Nous mettons ensuite le cap au sud, direction le St Laurent
et la région des Mille Iles, c’est l’endroit où le fleuve prend vie au sortir
du lac Ontario, passage rapide dans la péninsule du Prince Edouard avant de
contourner Toronto et de rejoindre le commencement de la péninsule de Bruce qui
sépare la Baie Géorgienne du lac Huron. Le lendemain nous trouverons une place
pour trois jours au parc national du lac Cyprus, ce seront trois jours
consacrés à la marche et au kayak, nous nous baignerons également dans une eau
particulièrement claire côté baie Géorgienne.
Pour continuer vers le nord un grand traversier assure la
liaison entre l’adorable et très touristique port de Tobermory et l’île de
Manitoulin. Ce sera ensuite la transcanadienne avec alternance de lacs et
forêts, passage à Sault Sainte Marie où le lac Huron communique avec le lac
Supérieur, formant ainsi une frontière naturelle avec les Etats Unis. Nous
passerons ensuite deux jours au bord du lac Supérieur au parc provincial du Lac
Supérieur à Agawa Bay, une causerie et un film nous feront un peu connaître ce
lac très dangereux pour la navigation, il y a eu de nombreux naufrages et nous apprendrons que l’esturgeon y est
maintenant bien implanté, la pollution étant en régression. On peut voir à
flanc de falaise des pictogrammes peints par les indiens il y a environ 400ans.
La falaise des pictogrammes d'Agawa Bay |
Nous contournons ensuite le lac Supérieur toujours entre
lacs et forêts pour arriver au parc national de Pukaskwa en territoire des
indiens anishinaabe, nous y ferons de très belles balades à pied dont une de
18kms avec beaucoup de moustiques agressifs, mais la découverte des
innombrables îlots et criques en kayak sera notre meilleur souvenir. Nous nous
rendons ensuite au parc provincial de Sleeping Giant situé sur une presqu’île
faisant face à notre dernière ville au bord de ce lac, Thunder Bay. Au bout
d’une très longue marche de 24kms A/R, nous découvrirons le sommet de ce
plateau ressemblant de loin à un géant allongé avec une falaise magnifique
tombant à pic dans cette partie finale du lac Supérieur représentant 10% des
réserves d’eau douce de la planète.
Rencontre surprise lors de notre montée au "Sleeping Giant" |
De Thunder Bay à Kenora dernière ville d’Ontario, la route
sera longue et très monotone, un lieu-dit de temps en temps, de rares
habitations. Cette province est très grande avec de grandes disparités de
peuplement entre l’est et l’ouest, elle a des façades sur quatre des grands
lacs d’Amérique du Nord mais malgré tout ne possède pas de paysages grandioses
à couper le souffle comme ceux du Québec ou de Nouvelle Ecosse.
Pas grand-chose à dire du Manitoba, près de Winnipeg qui possède un quartier francophone,
St Boniface, nous commençons à voir des routes toutes droites sur des dizaines
et des dizaines de kilomètres coupant d’immenses champs de céréales, de pommes
de terre et de colza avec des fermes au parc matériel impressionnant pour
l’ancien vendeur que je suis et cela continuera pendant toute la traversée du
Saskatchewan la province suivante.
Nous ferons une halte de trois jours au parc national du
Mont Riding au nord-ouest de Winnipeg, c’est un parc immense dont l’activité
est concentrée au bord du lac Clear et sa charmante bourgade de Wasagaming, des
bisons vivent en totale liberté dans une partie du parc et nous aurons la
chance d’en voir une vingtaine traverser la route devant et derrière notre
véhicule, c’était assez impressionnant.
A partir de la fin du Saskatchewan et pendant la traversée
de l’Alberta jusqu’à Calgary nous verrons une multitude de petits puits de
pétrole et de gaz parsemant les immenses champs des régions des
« Badlands », très injustement nommées mais l’exploitation intensive
des sables bitumineux se fait plus au nord. Nous avons entendu à Radio Canada
que ce pays se situe juste derrière l’Arabie Saoudite en terme de réserves
pétrolières.
Nous retrouverons André et Diane en route pour les Rocheuses
juste avant de passer en Alberta et nous visiterons avec eux le parc provincial
des Dinosaures, la rivière Red Deer a raviné toute cette région au sous-sol
sablonneux et argileux créant de véritables canyons et qui renferme la plus
grande concentration au monde de squelettes de dinosaures. Nous nous séparerons
ensuite puisque nous devons accueillir le 4 août notre fils Yves à Calgary avec
lequel nous les retrouverons certainement dans les Rocheuses.
Au bout du compte cette grande traversée depuis Montréal
nous aura paru moins longue que nous le pensions au départ, en regardant le
compteur du véhicule on aura quand même fait 5200kms du Québec au pied des
Rocheuses, mais cela s’est fait en « touriste » en 28 jours. On aura
bénéficié d’un temps particulièrement beau et ensoleillé avec des pointes à 40°
et seulement deux à trois jours d’averses surtout orageuses. Notre Roadtrek
s’est très bien comporté à part le changement d’une pièce du régulateur de
vitesse à Winnipeg, élément indispensable pour affronter les interminables
lignes droites de la Transcanadienne.
Voilà, je termine ce billet avec en toile de fond la
majestueuse barrière des Rocheuses, dans la soirée nous allons accueillir notre
fils à Calgary. Il va voyager trois semaines avec nous de Banff à Vancouver,
notre visa canadien se terminant fin août nous rentrerons à nouveau aux Etats
Unis pour gagner le parc du Yellowstone, mais ceci est une autre histoire…
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire